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Stratégies de communication politique: le débat Clinton Trump riche d’enseignements

C’est avec une grande attention que les Américains ont regardé le débat télévisé opposant Hillary Clinton et Donald Trump, les deux candidats en lice pour la Maison Blanche. A moins de deux mois de l’élection, on parle, dans New-York, d’un duel qui dictera, pour les prochaines années, le cours de l’histoire américaine,  mondiale peut-être. Les Américains ne sont pas les seuls à s’y intéresser de près : tous les étrangers vivant aux Etats-Unis se sentent concernés par une campagne qui s’interroge sur l’immigration et le mythe d’une Amérique – terre d’accueil.

Certes, on attendait des coups bas dans cette campagne, la plus éprouvante de toute l’histoire. Mais, au fond, personne ne savait vraiment quelle tournure prendrait cette discussion entre la première femme candidate à la présidence souvent taxée de technocrate et un magnat de l’immobilier très médiatique qui, de fait, n’a aucune expérience dans le domaine politique. Enfin, grande nouveauté en 2016, le débat était accessible en direct gratuitement dans le monde entier via les médias, les réseaux sociaux, Facebook et Twitter en tête.

En professionnel de la communication et des médias, le candidat républicain, porté par des sondages de plus en plus favorables lors des dernières semaines, a fait monter la pression d’un cran à quelques heures du débat. Habilement, il a laissé se répandre la rumeur qu’il allait inviter au débat la maîtresse présumée de Bill Clinton, Gennifer Flowers, avant de se raviser un jour avant le duel. Une façon de déstabiliser la préparation de la candidate démocrate qui s’est consacrée à cette éventualité pendant plusieurs heures. Quelques minutes avant le débat, l’équipe Trump a lancé un filtre Snapchat “Donald J. Trump vs. Crooked Hillary” pour décrédibiliser la candidate tandis que l’équipe d’Hillary bombardait les réseaux sociaux de messages et vidéos anti-Trump.

Fact checks en temps réel 

Plus largement, à l’heure du live et du streaming, les médias sont confrontés à un défi de taille : il faut aujourd’hui pouvoir décrypter la campagne et les arguments des uns et des autres et ce en temps réel, à la seconde près. Le NY Times, comme d’autres, a ainsi crée une cellule de fact-checkers, chacun spécialiste d’un domaine, pour rétablir la vérité et vérifier les informations. En direct, les discours sont confrontés à des preuves tangibles sur cet espace dédié. Précisément, une grande partie de la soirée a été consacrée notamment au soutien de Trump à la guerre en Irak, un fait que le candidat nie en bloc.

Si, dans un premier temps, Trump a largement mené la danse en imposant ses thèmes de campagne (dont notamment celui des traités commerciaux), Clinton a repris le dessus progressivement, sortant doucement de sa position de bonne élève appliquée qui lui vaut bon nombre de critiques. Sur les réseaux sociaux, un débat parallèle avait lieu. L’équipe de campagne démocrate suivait le duel et publiait en temps réel des documents, vidéos, voire photos pour soutenir le discours d’Hillary. Ainsi, quand elle est revenue sur ses origines, une photo de son père est apparue sur Twitter en quelques secondes à peine.

Cette réactivité du staff de campagne soulignait néanmoins le manque de spontanéité de la candidate dont les réponses semblaient toutes avoir été rédigées et…. corrélées à des tweets qui semblaient programmés en amont. Autre nouveauté : Clinton a invité, en direct, les téléspectateurs à visiter son site dédié au fact-checking. Du côté de Clinton, la nouveauté consistait ainsi à créer un mouvement global sur les différentes plateformes (TV, web, réseaux sociaux) allant dans une même direction. Un débat riche en termes de stratégies de communication multicanal et qui pourrait bien inspirer la présidentielle en France. Le seul regret que l’on peut avoir : certains sujets ont été seulement survolés, d’autres complètement éludés, comme celui de l’immigration ou de la santé.

Pour terminer, voici quelques comptes Twitter à suivre pour voir de près la campagne présidentielle américaine :
Matt Viser ‪@mviser : journaliste informé du Boston Globe, il réagit souvent à chaud et détient souvent des scoops
Laurence Haim @lauhaim : LA journaliste française la plus renseignée sur la politique américaine. Elle alterne Tweets sérieux et notes d’humour (avec des photos récurrentes des chaussures de l’attachée de presse de Trump)
Marc Suster @msuster : VC américain passionné par la politique et friand de débat
Dan Diamond @ddiamond : journaliste politique à Politico qui fait une véritable veille sur les réseaux sociaux

Par Anna Casal

I am an accomplished public relations professional with a strong background in finance, start-ups, law and crisis communications. I also spent over four years as a financial journalist in Paris. I believe I have a sound knowledge of French PR and its media market. I recently moved to the fascinating city of New-York.

As I have a deep passion for news and communications, I started to write articles and op-eds focused on the new PR trends and innovations in the USA. On a free-lance basis, I am also helping start-ups to innovate in their communication approach both in France and in the USA.

I received a Bachelor’s Degree in Philosophy from Nanterre University (Paris X) and an MBA from ESSEC, #3 European Business School according to the Financial Times 2014 ranking.

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