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Découverte du club French Founders version New York

Créé il y a deux ans à peine, le très sélectif club French Founders se définit comme « le club business, next-generation des dirigeants et fondateurs francophones – partout dans le monde ». Dans les faits, il se démarque par la qualité de son contenu et de son audience lors de ses événements. L’une des dernières conférences en date : la rencontre d’une douzaine de start-ups françaises triées sur le volet et de fonds d’horizons divers, lors d’une soirée spéciale à New-York.

Loin de se positionner comme les traditionnels clubs pour expatriés qui veulent simplement se constituer un réseau ou comme une association de promotion des start-ups aux US, French Founders rassemble, anime et fédère activement une communauté française issue de secteurs divers et d’entreprises de toutes tailles. Actuellement, ce club de cadres et dirigeants regroupe plus de 1700 membres sur 3 continents (Amérique, Europe et Asie) avec, comme objectif affiché d’apporter à chacun des membres une attention et un traitement personnalisé pour favoriser le développement des business français dans le monde.

Parmi les 200 événements organisés chaque année par French Founders, la soirée Start-up to VC participe pleinement de ce principe d’efficacité et de service sur-mesure. Deux fois par an, un jury -composé de fonds et de business angels accompagnés par French Founders sélectionnent ainsi une poignée de start-ups fondées par des entrepreneurs français exclusivement. Ces derniers peuvent, à cette occasion, rencontrer des investisseurs potentiels pour présenter leur projet, leurs business model et leurs ambitions. C’est l’occasion d’échanges et de prises de contacts dans la perspective, à plus long terme, de levées de fonds.

Le 15 novembre dernier, 14 jeunes entreprises françaises ont eu la chance non négligeable de discuter longtemps avec des investisseurs locaux – ce qui, comme vous le savez, n’est pas chose aisée car les fonds à New-York, sont très sollicités et les jeunes entreprises nombreuses. Quatre start-ups tirées de cette sélection étaient invitées à se présenter en public, devant l’assemblée des invités composée principalement de membres de l’écosystème new-yorkais, soit 20 investisseurs US et 10 fonds français des start-uppers en devenir ainsi qu’Anne-Claire Legendre, Consule Générale de France. Une visibilité inédite pour certains start-uppers ! Les quatre jeunes pousses mises en lumière ce jour-là devant l’audience provenaient d’horizons très divers, tant en termes de secteurs que de provenances géographiques (Boston, San Francisco, NYC, Shanghai…). Les fondateur de Cobalt (créateur d’avions privés du futur), Try the World (les fameuses box de produits gourmets), Allure Systems (concepteur de mannequins en VR pour les marques de vêtements) et  Biomodex (créateur d’organes 3D pour l’entraînement des chirurgiens) ont pu transmettre leurs visions et ambitions. La deuxième partie de la soirée était, elle, consacrée à des rencontres en tête-à tête et en privé entre les entreprises sélectionnées et le pool d’investisseurs.

J’étais aux premières loges, puisque French Founders m’avait proposé d’être Maître de Cérémonie pour cet événement, diffusé en direct sur Facebook. Je peux donc témoigner aujourd’hui de l’efficacité du club : start-uppers désireux de communiquer des deux côtés de l’Atlantique m’ont demandé de leur présenter mon activité de RP pour les fonds et les start-ups aux US.

Pour terminer, voici quelques pistes d’associations et d’institutions qui peuvent vous ouvrir de nouveaux réseaux lors de votre implantation aux Etats-Unis :

  • French Founders est un club qui sélectionne ses membres et leur propose un accueil sur-mesure en les mettant en relation et en attirant leur attention sur les événements pertinents pour eux. Les membres du réseau sont actifs et de haut niveau.
  • La French-American chamber of commerce propose des espaces de co-working, des forums thématiques et sectoriels et des soirées festives pour animer son réseau.
  • Le programme Impact USA  de Bpifrance permet à 18 start-ups sélectionnées de partir pour les US (San Francisco et NYC) avec, comme objectif, de « réaliser en 10 semaines ce qui leur aurait pris un an ». Les jeunes entrepreneurs sont coachés et accompagnés de très près par des experts dans tous les domaines.
  • Business France est souvent la première porte à laquelle frappent les start-uppers. C’est un bon moyen d’approcher le marché américain et d’en connaître les contours globaux avec une approche très institutionnelle.
  • Le Consulat de France à New-York a également lancé des soirées de pitch pour start-uppers français, sous l’impulsion de la nouvelle Consule Générale de France, Anne-Claire Legendre qui compte mettre l’innovation française au coeur de sa communication.
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Les fonds français aux US (2/3): rencontre avec Romain Serman, directeur de Bpifrance USA

« Pour développer encore notre écosystème,  il faudra poursuivre sur plusieurs années le travail de fond entrepris jusque-là »

Pour poursuivre notre grande série sur les fonds français présents aux Etats-Unis, la rencontre de Bpifrance, présent outre-Atlantique depuis deux ans, était incontournable. Avec deux bureaux sur le sol américain, sur les côtes Est et Ouest, le grand fonds d’investissement français examine localement 240 dossiers par an. Nous avons rencontré Romain Serman, directeur de Bpifrance USA, qui a souhaité nous faire part de ses ambitions et décrire le positionnement des start-ups et fonds français aux Etats-Unis.  

Quelles sont les raisons qui ont amené Bpifrance à s’implanter aux Etats-Unis?

RS: Nous faisons aujourd’hui le constat suivant : depuis 3 ou 4 ans, on assiste à un véritable boom entreprenarial des start-ups tech en France.  Le marché français est suffisant pour engager une traction,  mais il reste, à terme, limité en taille, puisqu’il ne représente que 3 % du marché mondial de l’IT. Aujourd’hui, les entrepreneurs qui souhaitent créer une entreprise globale et toucher un marché plus large doivent s’internationaliser. C’est un modèle que l’on trouve depuis très longtemps en Israël, par exemple. Là-bas, les entreprises sont face à un marché de très petite taille. Elles développent donc leurs produits sur place et l’exportent très rapidement aux Etats-Unis, leur marché naturel. Présents dans la Valley depuis plus de 15 ans, avec de nombreux succès à leur actif, les Israéliens sont imbibés de cette culture business californienne. Au total, il y a ainsi 85 entreprises israéliennes cotées au Nasdaq !

Pourquoi accompagner des entreprises françaises dans la Silicon Valley ? 

Tout d’abord, le marché américain de la tech recèle un potentiel énorme, puisqu’il représente 50% du marché mondial. Par ailleurs, il s’agit d’être au plus près de ses concurrents comme des centres où se décident les futurs standards technologiques. Enfin, et c’est peut-être l’essentiel, dans la Silicon Valley, on a accès immédiat à un savoir-faire unique, s’agissant des start-ups comme des fonds de Private Equity. Les VC [Venture capitalist, ou capital-risque NDLR] sont présents ici depuis 30 ans et examinent les dossiers du monde entier : ce sont des investisseurs qui ont une connaissance encyclopédique du domaine et qui affichent les plus beaux track-records au monde. Je suis convaincu que ce savoir-faire doit circuler pour faire progresser notre propre écosystème et qu’il faut aller chercher l’expérience là où elle se trouve.

Quels sont les profils de start-ups françaises que vous rencontrez aux Etats-Unis?
Généralement, les entrepreneurs français se développent aux Etats-Unis sur un modèle « distribué ». La R&D est souvent conservée en France, car elle est moins onéreuse, le turnover des ingénieurs y est plus faible et les développeurs disposent d’un très haut niveau de qualification. Aux Etats-Unis, les start-ups françaises implantent un bureau qui comprend, le plus souvent, le CEO, les « sales », le marketing et le « customer support / success ». L’entrepreneur qui immigre a un rôle clé dans cette organisation, car il est celui qui lève des fonds, recrute et qui incarne la vision de son entreprise, les 3 fonctions-clefs du CEO ! Enfin, c’est souvent une condition sine qua non dans la Valley – la présence du CEO – car les fonds américains adoptent une attitude très « hands-on » et veulent pouvoir rencontrer à tout moment les entrepreneurs qu’ils accompagnent.

Quelles sont, plus précisément, les missions de Bpifrance aux Etats-Unis ?

Nous suivons trois grands axes de développement dans la Valley :

  • Nous recherchons activement des entreprises françaises à fort potentiel, dans lesquelles nous pouvons investir en capital ou accompagner en dette ;
  • Nous soutenons les entreprises de notre portefeuille qui décident de s’implanter aux Etats-Unis. Dans ce cadre, nous nous concevons comme une véritable plateforme de services qui met en contact ces entrepreneurs avec  l’environnement local (avocats, contacts RH, clients potentiels…) ;
  • Enfin, nous sommes proches des fonds VC américains, avec qui nous souhaitons co-investir. Ces derniers ont, comme je le disais, un savoir-faire solide et une expertise qu’ils peuvent partager avec nous. Nous collaborons sur des dossiers d’investissement et échangeons sur les bonnes pratiques.

En tant que fonds d’investissement français, quels sont vos atouts ici ?

Bpifrance a une importante force de frappe, ce qui nous permet de réaliser des investissements conséquents dans l’environnement très exigeant de la Silicon Valley. Au-delà de l’aspect financier, qui peut être bloquant pour des fonds d’investissement de plus petite taille, la difficulté principale est d’entrer dans le cercle très fermé des fonds historiques de la Valley. Il va sans dire que ces derniers n’attendent pas les fonds français et sont « auto-suffisants » dans leur fonctionnement. C’est donc en apportant notre propre valeur ajoutée et en démontrant que notre savoir-faire est complémentaire que nous parvenons, au fil des années, à gagner la confiance et l’intérêt des fonds locaux. Concrètement, cela passe par un travail quotidien de rencontres avec les VC américains -150 au total depuis le mois de janvier- mais aussi de communication sur les atouts des entreprises venues de France. Nous organisons ainsi des dîners en cercle restreint sur des thèmes transverses, où notre point de vue a une véritable valeur ajoutée. Pour ne citer que deux exemples, nous avons notamment organisé un événement autour des fondateurs d’entreprises issus de l’immigration (une licorne sur deux est fondée par des immigrants) et un dîner sur l’intelligence artificielle, domaine dans lequel la France dispose d’une avance conséquente.

Comment envisagez-vous l’avenir ici pour nos start-ups ?

Je suis extrêmement optimiste pour la tech française. La déferlante observée depuis deux ans n’est pas près de s’arrêter et gagne chaque jour en qualité. La France donne naissance à des entreprises très innovantes. Pour développer encore notre écosystème, il faudra néanmoins poursuivre sur plusieurs années le travail de fond entrepris jusque-là. Les « cocoricos », c’est bien, c’est sympa, c’est surtout nécessaire pour contrer l’indécrottable pessimisme français, mais soyons aussi réalistes et humbles : il nous reste énormément de travail à réaliser et les marges de progression de nos entrepreneurs, comme les nôtres évidemment, sont encore considérables. Bref, on progresse fort mais ce n’est, à mon sens, que le tout début de l’émergence de la tech française. C’est excitant ! C’est là tout le rôle de Bpifrance que de soutenir ce mouvement des start-ups françaises.

Pour en savoir plus: bpifrance.fr